Vespa velutina nigrithorax, un insecte venu d’Asie présent en Europe depuis 2004, et en Belgique depuis 2016.

Le frelon asiatique est une espèce d’hyménoptère appartenant à la famille des Vespidae, comme les guêpes et le frelon européen. Comparé au frelon européen, le frelon asiatique est reconnaissable par son corps noir et le bout de ses pattes et de son abdomen de couleur jaune/orange. Un individu mesure entre 2 et 3.5 cm, il est donc plus petit que son homologue européen.

Comme chez les guêpes et chez le frelon européen, le frelon asiatique a un cycle de vie annuel. Son activité et ses effectifs varient au fil des saisons. Témoins de ces différentes périodes d’activités, deux types de nids vont se succéder au cours de l’année :

  • Le nid de printemps ou nid primaire (mars-juin), construit par une jeune reine fondatrice à la sortie de la période d’hivernation. Ils sont de petite taille et en forme de boule. Une reine peut donner naissance aux premières ouvrières en 4 à 5 semaines.
  • Le nid d’été ou nid secondaire (juin-octobre), construit généralement dans un arbre par les ouvrières lorsque l’activité de la colonie s’intensifie et que la capacité du nid de printemps est dépassée. Ils sont de grande taille (30 à 100cm) et possèdent une sortie latérale ; il peut abriter plusieurs milliers d’individus dont les futures reines fondatrices.

 

En octobre, la colonie produit des individus sexués, mâles et femelles. Le nid d’été est définitivement abandonné dès la fin de l’automne ou au début de l’hiver (fonction des conditions climatiques). Il ne sera pas réutilisé l’année suivante. Seules les jeunes reines survivent à l’hiver, cachées dans le sol, une vieille souche d’arbre ou sous une écorce.

Cycle annuel du frelon asiatique reprenant les différentes périodes de nidification et de reproduction / SPW

 

Comprendre les invasions biologiques

Pour qu’une espèce exotique devienne envahissante en dehors de son aire de répartition d’origine, il faut qu’elle traverse plusieurs étapes clés. Il est estimé que parmi 1000 espèces introduites sur un nouveau territoire, 1 seule parvient à traverser les étapes d’introduction et de naturalisation. À partir de ce moment-là, l’espèce naturalisée se disperse et on peut parler d’invasion biologique ou d’espèce exotique envahissante. Ces espèces menacent les écosystèmes, les habitats ou les espèces indigènes, avec des conséquences sur les services écologiques et/ou socio-économiques et/ou sanitaires négatives. Ce phénomène est accentué par l’absence de prédateurs naturels dans l’environnement d’introduction.

Il est très probable, comme pour de nombreuses espèces exotiques envahissantes, que le frelon asiatique ait été transporté par erreur dans des conteneurs de marchandise jusqu’en Europe, donnant le point de départ de son invasion.

Des études génétiques montrent qu’il n’y a eu qu’un seul événement d’introduction du frelon asiatique en Europe. Dans les faits, cela veut dire que les frelons asiatiques retrouvés dans les différents pays européens partagent le même matériel génétique (une seule lignée pour l’ensemble de l’Europe), montrant son potentiel d’adaptation et d’invasion.

 

Un régime alimentaire problématique

Le frelon asiatique se nourrit de nectar de fleurs, de fruits ou encore de viande qu’il trouve sur des cadavres de vertébrés. Le véritable problème est qu’il est capable de chasser tous types d’insectes, parmi tous, ses préférés sont les abeilles domestiques.

Les colonies affectent de plusieurs manières les ruches d’abeilles domestiques. Ils peuvent, par exemple organiser des assauts massifs dans les ruches et les détruire totalement. Une autre méthode est d’attendre les abeilles à la sortie pour les tuer. Néanmoins ce dernier mode de chasse peut induire un comportement de paralysie de récolte chez les abeilles qui n’osent plus sortir pour assurer la production de miel et la récolte de pollen, entrainant ainsi la famine dans la colonie.

Le pic d’activité de chasse des frelons asiatiques se situe en fin d’été et en automne quand les ruches sont plus fragiles à l’approche de l’hiver.

Le frelon asiatique attend les abeilles à l’entrée de la ruche et induit une paralysie de récolte / Quentin Rome – MNHN

 

Quelles solutions ?

L’impact négatif certain de l’invasion biologique du frelon asiatique et la difficulté voire l’impossibilité de contrôler son expansion est inquiétante. Néanmoins, des bons gestes peuvent être adoptés afin de participer à l’effort de signalisation ou pour se protéger.

  • Ne pas tenter de retirer le nid soit même ni de tuer ou capturer des individus. En cas de piqûres avec complications, appelez le 112.
  • Signaler le frelon asiatique auprès du service public :
    • Deux périodes cruciales :
      • En mars, avant l’émergence des fondatrices 
      • En automne, pendant la reproduction, les nids sont davantage visibles avec la chute des feuilles

  • Contactez un opérateur formé à la neutralisation quand celui-ci constitue un risque pour la santé des personnes ou lorsqu’il est situé à proximité d’un rucher:
    • L’utilisation de pesticides est soumise à autorisation, ces professionnels agréés sont tenus de limiter l’impact de l’intervention sur l’environnement. Retrouvés ici les professionnels reconnus officiellement par le SPW qui opèrent sur les communes de Burdinne, Braives, Héron et Wanze (intervention payante sur terrain privé) :
      • (12m) Pest Patrol : 0490/302.778
      • (15m) A.D. Multitrap : 0472/760.354
      • (20m) Prorisk : 0472/172.433
      • (20m) Prorisk-Guepes Vincent Risko : 0498/782.100
      • (20m) Blairvacq arbo : 0496/919.227
      • (23m) RICHARD SERVICES INDUSTRIELS : 0474/208.997
      • (25m) Bronchart David : 0485/149.871
      • (25m) Louis de Schaetzen : 083/214.696
      • (27m) Heyen multitravaux : 080/880.116
      • (30m) SOS attrapguepes : 0499/183.460
      • (30m) OUST aux Nuisibles – WYNS André : 0477/430.326
      • (30m) DP Garden – Productions Associées : 0483/060.505
      • (35m) L’anti-guêpes mosan : 0474/604.928
      • (40m) AB PROKILL srl : 0474/446.498
      • (40m) AB PROKILL srl : 0498/777.190
      • (40m) FG API srl : 0474/285.659
      • (45m) Lambo Sébastien les apiculteurs : 0498/293.238

    • Piéger à proximité des ruches, en début mars et en août, peut réduire la présence de frelons asiatiques aux abords des ruches en cas de forte pression ; si possible, utiliser un piège sélectif aux frelons asiatiques type BeeVital avec des attractifs. Néanmoins il n’existe pas de piège parfait, la sélectivité et l’efficacité dépend énormément de l’environnement local.
    • Installer des muselières à l’entrée des ruches pour diminuer le stress des abeilles et éviter l’entrée des frelons asiatiques. Ici encore, il existe beaucoup de choix et l’efficacité varie fortement.
    • Nourrir les ruches avec du sirop pour maximiser la survie de la ruche en cas de présence ou d’attaque de frelon asiatique.

 

Des solutions basées sur la nature ?

De la même manière que pour le frelon européen, il existe des prédateurs du frelon asiatique. Des études scientifiques démontrent, par exemple, que le frelon asiatique était la deuxième espèce la plus représentée dans le régime alimentaire de la Bondrée apivore, un oiseau présent en Belgique. D’autres cas d’observations de pie, de mésange ou encore, de guêpier d’Europe s’attaquant aux larves des frelons asiatiques dans les colonies ont été recensés.

La population de frelons asiatiques ne sera sûrement pas affectée par ces oiseaux, néanmoins cela montre une chose. La meilleure solution pour faire face à des invasions biologiques est de maintenir des écosystèmes résilients et résistants face aux perturbations. En d’autres mots, un écosystème équilibré et diversifié permet de diminuer les risques d’invasion biologique et de limiter les dégâts sur la santé et l’environnement associés aux espèces exotiques envahissantes.

 

Paysage des plaines de Hesbaye depuis Marneffe / Gaëtan De Plaen

 

 

Article rédigé par Steven Calesse

Sources : Cellule invasive du SPW, MNHN, Samu de l’Environnement, Séchilienne.fr, futura-sciences.com.